Diversity is Our Superpower : Comment l’inclusion des talents cachés booste votre entreprise
Découvrez avec humour et bienveillance comment intégrer les handicaps visibles et invisibles peut transformer votre entreprise. Inclusion, RSE et performance : un trio gagnant à adopter dès aujourd’hui !
VEILLE SOCIALE
Lydie GOYENETCHE
7/25/202411 min lire
NOUS SOUTENIR
Si mes articles vous ont aidé dans votre projet ou votre stratégie, vous pouvez soutenir Euskal Conseil en laissant un avis


Toulouse, la croix et l’ombre douce de la différence
À Toulouse, rien ne se dit tout à fait frontalement. Il y a toujours une ruelle qui bifurque, un accent qui adoucit, un passé qui murmure. Capitale occitane et rebelle, Toulouse n’a jamais été une ville de conformité. Elle se souvient des voix dissidentes, de celles et ceux que l’on appelait les parfaits, les cathares, non parce qu’ils étaient parfaits, mais parce qu’ils cherchaient une vérité qui ne se mesure pas. Une vérité de feu doux, de présence, de lumière intérieure. Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, qui manque à notre manière de penser le handicap au travail.
Car sous les croix dorées des plaques de rue et le soleil rose des façades, une autre réalité se joue : celle de milliers de travailleurs en situation de handicap qui avancent en silence, souvent sans dire leur nom, sans montrer leur carte, sans oser dire « voilà ce dont j’ai besoin pour bien travailler ». Non par honte. Mais parce que l’espace n’est pas toujours là pour les accueillir autrement que comme une exception. Ou une case à cocher.
Et si nous changions de regard ? Si, au lieu d’intégrer « malgré », nous apprenions à bâtir « avec » ? Si nous cessions de penser en termes de compensation, pour nous poser enfin cette question simple et bouleversante : qu’as-tu à transmettre, que personne d’autre ici ne peut porter à ta place ?
L’inclusion, à Toulouse comme ailleurs, ne devrait pas être un exercice d’alignement. Elle devrait être un acte de reconnaissance. Une main tendue dans la lumière. Un lien vivant dans l’espace du travail, du numérique, du soin. Une croix occitane posée non sur un front pour désigner, mais dans un cercle pour relier.
Car dans cette ville d’ombres fières et de lumières tendres, on le sait depuis toujours : c’est dans ce qui semble fragile que naît la force. C’est dans ce qui semble différent que se cache parfois la clé.
Nommer la différence, comme on trace une croix dans la poussière
En occitan, on ne dit pas tout à fait "différence". On parle de diversitat, comme on parlerait d’un champ de fleurs, d’un vin aux arômes changeants ou d’un accord mineur dans une chanson de Nadau. La diversité n’est pas une déviation. C’est la trame même de ce qui rend le monde habitable. Et pourtant, dans le monde du travail, le mot "handicap" reste souvent un mot chuchoté, voilé, contenu.
On ne veut pas déranger. On ne veut pas gêner. Alors on tait. On attend.
Mais nommer, ce n’est pas exposer. Ce n’est pas braquer un projecteur. C’est faire apparaître sans effrayer. Comme un berger nomme ses bêtes, une à une, non pour les compter mais pour les reconnaître, nous avons à nommer les réalités du handicap non pour les administrer, mais pour les accueillir.
La croix occitane, avec ses douze branches comme les douze mois de l’année, nous rappelle que toute présence s’inscrit dans un cycle, dans un rythme. Elle ne fait pas hiérarchie entre ses branches : toutes sont égales, mais orientées différemment. C’est peut-être cela qu’il nous manque : une manière de penser la différence comme une autre orientation dans l’espace du travail, et non comme une faille à combler.
Car les chiffres, eux, parlent plus fort que nos silences.
En 2022, 80 % des handicaps reconnus étaient invisibles.
1 personne sur 5 atteinte d’un trouble durable choisit de ne pas demander la RQTH, par peur d’être stigmatisée (source : Agefiph).
Et dans les Hautes-Garonne et Haute-Ariège, on estime que moins d’un salarié sur deux ose évoquer ses besoins spécifiques, même quand ceux-ci nuisent à sa santé ou à sa performance.
Pourquoi ce silence ? Parce qu’on a trop souvent confondu inclusion et exposition. Parce qu’on a réduit le mot "inclusif" à une bannière marketing sans chair. Et parce qu’on a oublié, surtout, que le travail est un lieu de relation, pas seulement de production.
Alors à Toulouse, où l’on sait ce que c’est que de garder la langue vivante malgré l’interdit, où l’on sait ce que c’est que de porter la mémoire malgré l’oubli, peut-être pourrions-nous être à l’avant-poste d’un autre art de nommer.
Non pour étiqueter. Mais pour entendre. Non pour séparer. Mais pour relier.
Car dire "j’ai une reconnaissance de handicap", ce n’est pas poser un obstacle. C’est ouvrir une conversation. Comme lorsqu’on trace une croix dans la poussière du chemin : pas pour diviser, mais pour marquer un passage.
Le handicap : un contre-pied stratégique dans un monde trop linéaire
À Toulouse, on ne comprend pas le rugby seulement avec des statistiques. On l’écoute, on le sent. Un bon joueur, ce n’est pas celui qui court droit. C’est celui qui voit l’angle, celui qui fait un pas de côté au bon moment, celui qui sait quand ralentir pour faire avancer toute l’équipe. Le génie n’est pas dans la force. Il est dans le décalage.
Et si le handicap, au travail, n’était pas une faiblesse à compenser, mais une forme de génie du contre-pied ?
Dans les entreprises, on aime les process, les lignes droites, les réunions à l’heure, les réponses cadrées. Mais le réel, lui, déborde. Il fatigue, il interrompt, il crée des marges, des silences, des lenteurs. Et c’est précisément là, dans cette marge, que certains talents trouvent leur place. Non pas malgré leur différence, mais à travers elle.
Un collègue dyspraxique ne lit pas un tableau Excel comme les autres. Il ne suit pas la logique habituelle. Mais il voit ce qui cloche. Ce que personne ne regarde. Une collègue autiste perçoit les incohérences d’un process avant qu’il ne s’effondre. Un collaborateur avec un TDA remarque des signaux faibles là où les autres suivent un plan.
Ce ne sont pas des anomalies. Ce sont des lectures transversales, des lectures en spirale, des cartes d’un territoire encore trop peu exploré : celui d’une intelligence hors-norme qui ne demande ni indulgence ni indulgence, mais confiance et compréhension du jeu.
On les appelle parfois "hors cadre", comme si le cadre était la mesure de toute chose. Mais l’innovation, la vraie, ne vient-elle pas toujours de ceux qui passent par la porte de côté ? Ceux qui ne rentrent pas dans la grille, mais inventent la carte autrement ?
Dans l’ombre rose de Toulouse, à l’heure où la Garonne s’étire entre les platanes, il faudrait peut-être se souvenir de ce que nous apprend le rugby local : la mêlée n’avance que si chacun pousse selon sa force propre. Le petit pilier, le grand talonneur, le joueur fragile qui connaît les appuis du sol comme personne. Tous avancent ensemble.
Le handicap, dans l’entreprise, n’est pas un à-côté à gérer. Il est une autre façon de penser la performance. Moins verticale, plus enracinée. Moins immédiate, mais plus durable.
C’est un contre-pied. Une intelligence latérale. Une autre géométrie du lien.
Et si Toulouse, ville du contre-pouvoir, ville du savoir incarné, devenait aussi la ville du contre-savoir productif ? Celui qui écoute les voix que l’on n’entend pas. Celui qui fait grandir une équipe autrement.
Sensibiliser sans désigner, parler sans désincarner : l’art occitan de la délicatesse
À Toulouse, on ne bouscule pas les cœurs. On les apprivoise. Le mot juste, on le cherche comme on cherche un sentier dans les collines du Lauragais, avec lenteur et respect. Car ici, on sait que le poids d’un mot mal dit peut éteindre une lumière fragile.
Dans le monde de l’entreprise, pourtant, la communication sur le handicap reste souvent maladroite. Elle veut bien faire, mais elle dit trop. Ou mal. Elle montre. Elle expose. Elle appelle à l’inclusion, tout en plaçant celui ou celle qu’elle veut "intégrer" en vitrine. Comme si sensibiliser voulait dire exhiber.
Sur les réseaux sociaux, on filme des témoignages. On parle de résilience, de courage. Mais où est la joie ? Où est la compétence ? Où est l’humanité ordinaire, sans projecteur ? On montre la différence, mais on oublie de dire qu’elle fait partie du commun, qu’elle est une couleur parmi les autres dans le tableau du travail.
Dans les campagnes d’affichage, les visages sont floutés, ou au contraire surexposés. On multiplie les hashtags : #handicapinvisible, #inclusion, #diversité. Mais trop souvent, ces mots déconnectent au lieu de relier. Ils deviennent des étiquettes là où on attendait une écoute. Une chaleur. Une présence.
À Toulouse, la chanson occitane a toujours raconté les histoires les plus vraies sans jamais nommer la douleur de front. Elle dit l’exil en parlant du vent. Elle dit l’absence en parlant de la vigne. Peut-être devrions-nous apprendre de cette pudeur-là.
Car la vraie sensibilisation ne désigne pas : elle relie. Elle ne montre pas : elle invite. Elle ne résume pas la personne à son handicap : elle lui donne le droit d’être plurielle, complexe, imprévisible. En clair, elle fait place à l’humain, pas à une catégorie.
Dans une entreprise toulousaine du numérique, un directeur RH a cessé d’envoyer des emails sur la "semaine du handicap". Il a proposé autre chose : un cercle de parole, sans micro, sans photo, sans compte-rendu. Ceux qui le souhaitaient pouvaient venir écouter, ou dire, ou juste être là. C’était simple. C’était beau. C’était humain. Et pour la première fois, certains ont parlé. Non de leur diagnostic, mais de leur manière d’habiter le monde.
C’est cela, une communication inclusive. Non pas un spot publicitaire, mais un espace de respiration. Un lieu sûr. Une parole donnée, non confisquée. Une parole qui ne fige pas, mais ouvre.
Sensibiliser, ce n’est pas éduquer les autres à voir un problème. C’est préparer un terrain où chacun se sent autorisé à venir comme il est, sans peur de devoir tout expliquer, tout justifier. C’est un geste lent. C’est un soin. C’est une manière d’habiter ensemble la même équipe.
Et si Toulouse, ville de l’écoute du vent et des silences habités, devenait aussi capitale de cette nouvelle manière de parler avec le cœur, dans le respect de ceux qui, depuis toujours, avancent autrement ?
L’ESS face à son miroir : l’inclusion, non comme valeur, mais comme fidélité
Dans les quartiers de Toulouse, entre Saint-Cyprien et Arnaud-Bernard, il y a cette âme têtue de ceux qui n’aiment pas les promesses creuses. On préfère les actes aux affiches. Les engagements vécus aux slogans. L’Économie Sociale et Solidaire, ici, n’est pas un label : c’est une manière d’habiter le travail comme un espace de lien, de justice, d’expérimentation humaine.
Et pourtant, même dans l’ESS, le handicap reste trop souvent un impensé. Une ligne dans un appel à projet. Une statistique dans un rapport d’activité. Un chiffre qui "rassure" les financeurs, mais ne touche pas les âmes.
Ce n’est pas un reproche. C’est une invitation. Une invitation à se regarder en face, comme on regarde la Garonne au petit matin : sans fard, sans illusion, mais avec cette foi simple que tout peut recommencer autrement.
Car s’il est un domaine où l’on pourrait penser autrement le handicap, c’est bien ici. Dans ces associations qui parlent de dignité. Dans ces coopératives qui veulent changer le monde. Dans ces tiers-lieux qui accueillent l’inattendu. Alors pourquoi, dans ces mêmes lieux, tant de personnes concernées n’osent pas dire leur besoin ? Pourquoi certains porteurs de handicap cognitif ou psychique préfèrent cacher leur réalité plutôt que la déposer, même là où tout semble plus doux ?
Peut-être parce que l’ESS, à force de vouloir bien faire, a parfois oublié que le soin ne naît pas des intentions, mais de la qualité du lien. Peut-être parce que l’obsession du projet, du budget, du partenariat à nouer a pris le pas sur le temps long de l’écoute.
Il ne s’agit pas de tout remettre en cause. Il s’agit de réajuster. D’aligner les paroles aux gestes. De ne pas parler d’inclusion sans donner les moyens d’une vraie hospitalité.
Dans un café solidaire du quartier Saint-Michel, une employée porte une hypersensibilité qui la fatigue vite. Elle n’a jamais demandé de reconnaissance de handicap, mais ses collègues savent. Ils ne la ménagent pas par pitié. Ils ont appris à s’accorder à son rythme, comme on accorde un instrument dans une fanfare. Et l’équipe joue juste. Non parce qu’on a formé tout le monde, mais parce qu’on a su écouter. Et s’ajuster.
C’est cela, la vraie inclusion : une pratique vivante, mouvante, ancrée dans la relation.
Dans l’ESS, il ne suffit pas de cocher la case "inclusion". Il faut honorer la promesse de départ. Celle d’un monde du travail qui accueille toutes les manières d’être là. Celle d’un engagement où les différences ne sont pas gérées, mais reçues comme des richesses imprévues. Non pas parce que cela donne bonne conscience, mais parce que cela rend l’équipe plus forte. Plus humaine. Plus fidèle à ce qu’elle veut être.
Et si Toulouse, ville d’artisans du lien, devenait ce territoire d’essai d’une inclusion réelle, au-delà des mots ? Si elle devenait ce miroir doux, où l’ESS pourrait se regarder, non pour se juger, mais pour s’aligner à nouveau, avec tendresse et exigence ?
La parole comme hospitalité : et si tout commençait par une vraie discussion ?
À Toulouse, la pierre est tendre. Elle garde la mémoire. Elle ne s’efface pas. Les briques roses des Minimes ou du Capitole n’ont pas été choisies pour leur robustesse, mais pour leur capacité à vieillir avec grâce. Peut-être est-ce là, dans cette matière humble, que se cache le secret d’une inclusion véritable : ne pas chercher la perfection, mais l’ajustement, patient, fidèle, concret.
Le handicap, au travail, ne demande pas des lois plus strictes. Il réclame d’abord un espace de parole non conditionné. Un endroit, un moment, où chacun peut dire ce qu’il vit sans avoir à se justifier, sans craindre que cette parole ne soit utilisée, archivée, ou déformée. Un lieu sans jugement, sans plan de com. Un lieu de présence.
Trop souvent, l’inclusion reste un objectif pensé depuis le haut. Mais la vraie transformation ne se décrète pas, elle se tisse dans le bas, dans les gestes ordinaires, dans la confiance lente. Ce n’est pas un budget, c’est une manière d’être avec l’autre. C’est un collègue qui comprend que l’on a besoin de silence. C’est une manager qui propose un autre canal de communication. C’est une salle de repos un peu mieux isolée, une réunion avec moins de stimuli, une reconnaissance donnée sans paternalisme.
Parce que l’inclusion ne grandit pas seule. Elle fait grandir toute l’équipe. Elle nous oblige à poser des questions que l’on ne pose plus : à quoi sert cette réunion ? Pourquoi ce rythme ? Est-ce que tout le monde comprend ce que l’on dit ? Est-ce que chacun trouve sa place ici, vraiment ?
Et peu à peu, ce qui était une contrainte devient un révélateur d’intelligence collective. Ce qui semblait un "aménagement" devient un levier de mieux-être global. Ce qui faisait peur devient une occasion de mieux se connaître, et parfois même, de s’aimer un peu plus.
Claire, Paul, Naïma, et tant d’autres, ne sont pas des exceptions. Ils ne sont pas des modèles. Ils sont nos collègues silencieux, nos voisins de bureau, nos amis du quotidien. Et ce qu’ils portent, souvent dans la discrétion, n’est pas un fardeau à soulager, mais un chant à entendre.
Car c’est cela, la vraie inclusion : écouter une voix qu’on n’avait pas encore entendue. Lui faire une place. Et, parfois, lui laisser montrer le chemin.
Conclusion – Une croix pour balise, pas pour frontière
À Toulouse, la croix occitane n’est pas un symbole de division. C’est un repère. Un ancrage dans le ciel des peuples. Elle ne désigne pas l’ennemi, elle relie les pôles. C’est une boussole.
Le handicap, dans le monde du travail, pourrait devenir cette croix-là : non pas une étiquette, mais une invitation à orienter autrement nos organisations. Une invitation à écouter plus finement, à décider plus lentement, à accueillir plus largement.
Inclure, ce n’est pas offrir une chance. C’est reconnaître une richesse que l’on n’avait pas su voir. Ce n’est pas élargir un cercle : c’est changer de centre.
Et si Toulouse, la ville rouge et lente, la ville indocile et fraternelle, devenait ce territoire pionnier de l’inclusion vécue, non comme un standard à atteindre, mais comme un art d’être ensemble ? Si l’on commençait, simplement, par une vraie discussion — pas pour résoudre, mais pour comprendre. Pas pour cocher une case, mais pour honorer une présence.
Alors peut-être que l’inclusion, un jour, ne sera plus un mot à expliquer, mais une évidence qui se respire dans chaque interaction.




Mentions légales: Métiers du Conseil Hiscox HSXIN320063010