Asymétrie relationnelle et social selling : vers des relations B2B durables et rentables
Découvrez pourquoi l’asymétrie relationnelle freine le B2B et comment le social selling ouvre la voie à des relations commerciales plus fiables. Pour un business rentable, durable et intelligent!
MARKETING
LYDIE GOYENETCHE
9/13/20258 min lire


Dans le commerce, la relation entre acheteurs et vendeurs a toujours été traversée par des dynamiques de pouvoir. Celui qui détient l’information, celui qui impose son rythme, celui qui maîtrise le discours exerce naturellement une influence sur l’autre. Cette asymétrie relationnelle, longtemps acceptée comme une évidence, se révèle aujourd’hui de plus en plus fragile. L’ère numérique, l’accès généralisé à l’information et l’exigence croissante de transparence ont profondément bouleversé la manière dont les clients perçoivent et vivent leurs interactions avec les entreprises. Dans ce contexte, le social selling s’impose comme une approche qui, bien menée, peut réduire ces déséquilibres et redonner toute sa place à la réciprocité.
Les chiffres sont parlants. Une étude de PwC a révélé que 90 % des dirigeants d’entreprise estiment bénéficier d’une forte confiance de la part de leurs clients, alors que seulement 30 % des consommateurs déclarent effectivement faire confiance aux organisations.
Cet écart de perception, que l’on peut qualifier de « fossé relationnel», illustre parfaitement la difficulté pour les entreprises à évaluer leur position réelle dans l’esprit de leurs clients. Derrière cette discordance se cache une asymétrie subtile : d’un côté des décideurs persuadés d’incarner la crédibilité, de l’autre des consommateurs qui perçoivent souvent leurs interactions comme intéressées, voire instrumentalisées.
Le social selling promet de combler cet écart, mais encore faut-il comprendre ce qui nourrit ce déséquilibre. Les acheteurs ne sont plus captifs. Ils ont désormais accès à une multitude de sources : avis en ligne, forums spécialisés, comparateurs, recommandations sociales. L’information, autrefois monopole du vendeur, est devenue un terrain partagé. Pourtant, beaucoup de démarches commerciales continuent de fonctionner comme si le vendeur restait en position dominante. Ce décalage nourrit une forme d’archaïsme relationnel : l’entreprise parle, le client écoute. Or, la confiance ne se construit pas sur une tribune unidirectionnelle, mais dans un échange équilibré.
D’ailleurs, 86 % des acheteurs B2B déclarent être plus enclins à collaborer avec une entreprise lorsqu’ils ont le sentiment que celle-ci comprend véritablement leurs objectifs. Pourtant, combien de prises de contact commerciales restent encore centrées sur l’offre plutôt que sur l’écoute ? Cette contradiction alimente le sentiment d’asymétrie. Le client perçoit que son rôle est réduit à une variable d’ajustement d’un processus préétabli, plutôt qu’à un partenaire dans une relation de valeur.
Les attentes évoluent rapidement : d’après Salesforce, l’adaptation aux changements des clients est désormais citée comme le défi numéro un des commerciaux. Mais la réalité montre que 83 % des dirigeants commerciaux reconnaissent la difficulté de leurs équipes à se synchroniser avec ces nouvelles attentes. Autrement dit, entre l’idéal de symétrie relationnelle et la pratique quotidienne, il existe un gouffre. C’est précisément dans cet espace que le social selling prend tout son sens : non pas comme un simple outil de prospection sur LinkedIn, mais comme un véritable changement de posture, où la valeur se crée par la pertinence du contenu, la transparence des échanges et la reconnaissance du client comme sujet actif.
Dans un monde où 91 % des Français considèrent la collecte de données comme une préoccupation majeure, continuer à aborder la relation commerciale sous un angle asymétrique est non seulement risqué, mais aussi contre-productif. L’avenir du social selling repose sur la capacité à redonner de la symétrie : écouter autant que l’on parle, partager autant que l’on propose, co-construire autant que l’on vend. C’est à cette condition que la relation commerciale pourra se réinventer, et que l’entreprise gagnera non seulement des clients, mais surtout des partenaires de confiance.
Quand le B2B hérite du prisme du B2C
Pendant longtemps, la relation commerciale en B2B s’est construite sur les mêmes bases que le B2C : une offre figée, un produit standardisé, un prix affiché. Ce schéma repose sur l’idée que le client choisit dans un catalogue ce qui se rapproche le plus de ses besoins. Or, cette approche crée une asymétrie relationnelle : le vendeur impose son cadre, et l’acheteur s’y adapte, souvent au prix de compromis qui fragilisent la relation sur le long terme.
Des acheteurs B2B qui attendent plus qu’un produit
Les acheteurs professionnels n’attendent pas seulement une offre ou un produit : ils recherchent une solution alignée avec leurs objectifs stratégiques. Selon une étude de Gartner, 77 % des acheteurs B2B considèrent leur dernier processus d’achat comme « complexe » ou « difficile », notamment en raison du manque d’adaptation des offres à leurs besoins réels. En moyenne, un acheteur B2B consulte 13 contenus différents avant de se décider (rapport Demand Gen Report, 2023). Cette autonomie d’information montre bien que la logique « un produit / un prix » n’est plus suffisante : le client veut être compris, accompagné et reconnu comme co-acteur de la solution.
Le CRM comme révélateur des limites du modèle standardisé
Les CRM illustrent parfaitement cette tension. Pendant des années, des solutions comme Salesforce ou Microsoft Dynamics étaient vendues comme des « blocs » : puissants mais standardisés, nécessitant des intégrations coûteuses et complexes. Beaucoup d’entreprises se retrouvaient avec un outil surdimensionné par rapport à leurs besoins réels, ce qui nourrissait une forme d’asymétrie : le fournisseur dictait la manière de travailler, et l’entreprise devait s’adapter.
Un chiffre clé : près de 30 à 50 % des projets CRM échouent ou ne délivrent pas la valeur attendue (Forrester, 2022). Pourquoi ? Parce que les besoins des utilisateurs finaux ont été insuffisamment pris en compte dans la conception et le déploiement.
La co-construction comme levier de rentabilité mutuelle
L’émergence de solutions comme HubSpot ou Zoho CRM a changé la donne : au lieu de proposer une plateforme figée, ces acteurs ont misé sur la modularité et l’expérience utilisateur. Le client peut commencer avec des fonctionnalités de base et enrichir progressivement son CRM en fonction de ses besoins réels. Cette logique de co-construction réduit l’asymétrie : l’acheteur choisit, adapte, ajuste, et l’éditeur de CRM accompagne cette trajectoire. Résultat : les taux d’adoption et de satisfaction sont beaucoup plus élevés.
HubSpot affiche par exemple un taux de satisfaction client de 99 % sur son support (données internes 2023), largement supérieur à celui des acteurs plus lourds du marché. Cela montre qu’un modèle de co-construction crée une valeur rentable pour les deux parties : l’entreprise déploie un outil aligné avec ses besoins, et le fournisseur fidélise un client dans la durée.
La tentation de l’appel d’offres : maîtriser ou contrôler ?
La quête de sécurité par la procédure
Dans de nombreuses relations B2B, le réflexe de l’appel d’offres s’impose presque naturellement. Qu’il s’agisse du secteur public, où il est une obligation légale, ou des grands comptes privés, où il apparaît comme une garantie de rigueur, l’appel d’offres est perçu comme un outil de maîtrise. Pour l’acheteur, il permet de donner un cadre clair à la relation commerciale, d’assurer une transparence dans le choix du fournisseur et surtout de mettre en concurrence plusieurs acteurs afin de faire jouer les prix. Derrière cette logique, il y a l’idée d’éviter une dépendance trop forte à un seul partenaire et de sécuriser l’investissement en contrôlant les coûts.
Les limites cachées du formalisme
Si la démarche semble rationnelle, elle n’est pas sans revers. Répondre à un appel d’offres prend du temps : la durée moyenne s’étend souvent entre trois et six mois avant la signature effective d’un contrat. Cette temporalité crée de la rigidité et mobilise des ressources considérables, aussi bien pour le client que pour les fournisseurs. En outre, ce processus peut conduire au choix du “moins-disant” : le fournisseur qui propose le prix le plus bas sur le papier emporte le marché, mais la qualité de l’accompagnement, la pertinence de la solution ou la flexibilité d’intégration sont reléguées au second plan. Une étude menée dans le secteur IT a montré que dans 18 % des projets publics, les dépassements de coûts dépassent 25 % du budget initial, signe que la maîtrise apparente peut se transformer en illusion lorsque les besoins n’ont pas été calibrés de manière réaliste dès le départ.
Des chiffres qui interrogent la logique d’achat
En France, la commande publique représentait plus de 215 milliards d’euros en 2021, ce qui donne la mesure de l’importance des appels d’offres dans l’économie. Pourtant, dans la sphère privée, les résultats montrent aussi leurs limites. Gartner souligne que 77 % des acheteurs B2B jugent leurs parcours d’achat complexes ou difficiles, et la moitié d’entre eux attribue cette complexité à un manque d’adéquation entre les solutions proposées et leurs besoins réels. Cette déconnexion révèle que la procédure, censée simplifier et rationaliser, peut au contraire accentuer l’asymétrie relationnelle entre vendeur et acheteur.
Le cas des CRM : une valeur perdue par excès de rigidité
Le domaine des CRM illustre bien ces limites. De nombreuses entreprises lancent des appels d’offres pour sélectionner un fournisseur, en exigeant un cahier des charges exhaustif censé couvrir toutes les fonctionnalités imaginables. Sur le papier, la solution paraît robuste et complète. Dans la pratique, le résultat est souvent un outil surdimensionné, coûteux à déployer et mal adopté par les équipes. Selon Forrester, entre 30 et 50 % des projets CRM échouent à atteindre leurs objectifs ou sont perçus comme décevants par les utilisateurs finaux. Le formalisme de l’appel d’offres, en verrouillant trop tôt la définition du besoin, empêche d’intégrer la réalité du terrain et la voix des futurs utilisateurs.
Vers un équilibre plus intelligent
L’appel d’offres garde bien sûr son utilité. Il garantit une forme d’équité et de transparence, il sécurise les grands projets et permet de comparer des propositions sur une base commune. Mais lorsqu’il devient un réflexe systématique, il peut paradoxalement nuire à la performance de la relation commerciale. La co-construction, facilitée par des pratiques comme le social selling, offre une alternative précieuse. En engageant le dialogue en amont, en laissant la place à l’échange et à l’adaptation, l’entreprise peut construire une solution sur mesure, plus réaliste, plus agile et au final plus rentable pour les deux parties. Le contrôle ne disparaît pas, mais il prend une forme plus vivante et plus symétrique, où l’acheteur et le fournisseur partagent la responsabilité de la réussite du projet.
Conclusion : dépasser la tentation de l’asymétrie
On peut émettre l’hypothèse que l’asymétrie relationnelle constitue une tentation naturelle dans les rapports commerciaux. Elle rassure celui qui détient le pouvoir, qu’il s’agisse de l’acheteur qui impose son cahier des charges ou du vendeur qui cherche à pousser son offre. Elle donne l’illusion du contrôle et instaure un cadre qui semble sécurisant. Pourtant, cette logique de domination ne tient pas ses promesses. Elle alourdit les processus, rigidifie les échanges et conduit souvent à des solutions mal adaptées, génératrices de frustration, de coûts cachés et de perte de confiance.
Le social selling, par essence, appelle un autre chemin. Il repose sur l’écoute, la transparence et la co-construction, en reconnaissant que l’information est désormais partagée et que la valeur émerge de la relation plus que de la seule transaction. Dans ce contexte, sortir de l’écueil de l’asymétrie n’est pas une option secondaire mais une condition de survie. C’est le seul moyen de bâtir des relations commerciales qui soient à la fois rentables, durables et fiables.
En transformant la tentation de l’asymétrie en opportunité de symétrie, les entreprises peuvent réinventer leur manière d’approcher le client. Non plus comme un destinataire passif d’une offre, mais comme un partenaire actif d’une trajectoire commune. Et c’est précisément dans ce glissement que se joue l’avenir d’un business capable de concilier performance économique et solidité relationnelle.




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