Les retraités les nouveaux défis du maillage économique

Accueillir la transition démographique : l’esprit de Cambo-les-Bains face au vieillissement de la société

À Cambo-les-Bains, ville d’eaux et de convalescence, les murs ont gardé la mémoire des générations qui sont venues y soigner le corps sans jamais détacher l’âme. Dans ce lieu de passage et de répit, on apprend une chose essentielle : vieillir n’est pas un déclin, mais une traversée. Une transformation de la manière d’être au monde. C’est sans doute pour cela que le territoire de Cambo, avec ses établissements thermaux, ses maisons de retraite, ses services de soins et ses acteurs de la solidarité, est devenu, au fil des ans, un miroir anticipé des mutations démographiques françaises.

Dans un avenir proche, cette réalité concernera tout le pays. En 2045, près de 16 % des Français auront plus de 75 ans. Cela signifie que les défis du vieillissement ne seront plus une affaire de spécialistes. Ils deviendront un terrain commun, un appel à la responsabilité partagée. Et comme dans toute maison bien tenue, il ne suffira plus d’avoir une clé à chaque porte. Il faudra ouvrir les pièces les unes aux autres, permettre la circulation des regards, des savoirs et des présences.

Une bascule silencieuse dans le cœur du modèle social

La retraite a longtemps été perçue comme une récompense, le droit au repos après l’effort. Mais dans une société où les équilibres démographiques se modifient, ce repos prend une autre forme. Il devient une responsabilité, celle de continuer à habiter la cité autrement. Ce n’est plus seulement le monde du travail qui se réorganise, mais toute la grammaire de la solidarité nationale.

Derrière les chiffres froids – 39 milliards d’euros gérés par la CNSA, une part du PIB allouée aux retraites en baisse – se cache une tension bien plus profonde. Si la solidarité n’est plus assurée, alors c’est le pacte social lui-même qui s’effrite. On ne parle plus seulement de financement, mais de justice. On ne parle plus seulement de dépendance, mais d’abandon. Et cela, aucun tableau Excel ne peut le mesurer.

Cambo-les-Bains : un laboratoire humain de la société à venir

Ici, dans cette ville nichée entre montagnes douces et vallées ouvertes, des hommes et des femmes œuvrent chaque jour pour maintenir la dignité de ceux que l’âge fragilise. Aide-soignants, agents territoriaux, infirmiers à domicile, animateurs en résidence autonomie, responsables d’établissements… tous savent que vieillir ne se résume pas à être soigné. Il faut être accueilli, reconnu, accompagné, et parfois simplement regardé comme quelqu’un qui compte encore.

Les établissements thermaux en savent quelque chose. L'accueil, ici, n'est jamais standardisé. Il est attentif. Il commence souvent avant même l’arrivée du curiste. Un appel, un échange, une préparation du linge, un mot glissé sur la table de nuit. Ce que l’on soigne à Cambo, ce n’est pas seulement le corps, c’est le lien. Ce lien invisible, mais si nécessaire, qui relie les êtres à leur histoire, à leur territoire, et à la conscience de faire encore partie du monde.

Une foi laïque dans l’avenir collectif

Il existe une foi qui ne demande pas à être confessée mais vécue. Une foi laïque, enracinée dans le respect des vivants et dans la confiance envers la capacité des hommes à construire ensemble ce qu’ils ne peuvent porter seuls. Cette foi, on la retrouve chez ceux qui créent des habitats intergénérationnels, qui inventent des parcours de soins plus fluides, qui refusent de cloisonner les jeunes, les vieux, les actifs et les fragiles comme s’il s’agissait de catégories étanches.

À Cambo-les-Bains, cette foi se manifeste dans les gestes du quotidien. Dans un plateau-repas apporté avec douceur, dans un silence partagé dans un jardin thérapeutique, dans une réunion où l’on se demande comment adapter les services de transport à la réalité des corps qui fatiguent. Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas médiatisé. Mais c’est là que se joue l’avenir d’un territoire : dans sa capacité à reconnaître que le vieillissement n’est pas une charge, mais un appel.

L’économie du soin, l’économie du lien

Le vieillissement de la population française impose un changement de paradigme. Il ne s’agit plus d’adapter quelques politiques sociales. Il s’agit de repenser l’ensemble du tissu économique autour d’une nouvelle exigence : celle de soutenir la vie là où elle est plus fragile. Loin d’être un poids, cette exigence est une chance. Elle oblige à sortir des logiques court-termistes, à investir dans le durable, dans l’utile, dans le tissage de solidarités concrètes.

Il est urgent de passer d’une économie de la réparation à une économie de la prévention, d’une gestion cloisonnée à une gouvernance partagée. Et cela suppose, pour tous les acteurs concernés – collectivités, établissements médico-sociaux, associations, entreprises du territoire – de pouvoir se parler autrement. Non pas dans des comptes-rendus administratifs ou des tableaux de bord, mais dans des lieux où la parole circule comme l’eau dans les anciens bassins thermaux : libre, féconde, apaisée.

Les séminaires de transmission : un espace vivant pour préparer demain

Chez Euskal Conseil, nous croyons que les grandes transformations sociales se préparent dans des espaces incarnés. C’est pourquoi nous proposons des séminaires ancrés dans le réel, conçus comme des lieux d’écoute, de transmission et de travail stratégique. À Cambo-les-Bains, ces séminaires trouvent tout leur sens. Le territoire est prêt. Les infrastructures existent. Les acteurs sont là. Il ne manque qu’un temps, un souffle, un cadre pour qu’ils se rencontrent autrement.

Ces séminaires ne sont pas des formations classiques. Ce sont des lieux d’hospitalité professionnelle. Des endroits où l’on ose dire ce que l’on tait d’habitude. Où l’on peut poser les vraies questions sans risquer le jugement. Où l’on cherche, ensemble, à faire émerger une vision commune, une stratégie qui tienne compte des contraintes mais aussi des élans profonds. C’est là que se recrée la confiance. C’est là que le lien devient projet.