Groupes sociaux et RH : L'art de jongler entre Winnicott, Lencioni et le café de Jean-Michel
Découvrez avec humour et finesse comment gérer l'estime de soi, les conflits et la cohésion dans les groupes sociaux et équipes de travail. Parce qu'être RH, c'est un peu comme jouer à Tetris... mais avec des humains !
MANAGEMENT
Lydie GOYENETCHE
12/28/20245 min lire


"Bienvenue dans le club des groupes sociaux : mode d'emploi (avec un soupçon d'humour et de réflexion RH)"
Ah, les groupes sociaux ! Ces cercles de vie qui nous entourent et nous enveloppent comme un tricot mal ajusté : parfois chaleureux, parfois irritants, toujours présents. Vous êtes RH, coach, ou fanatique autoproclamé de développement personnel ? Prenez place, nous allons plonger ensemble dans ce fascinant bazar social qui structure nos vies, en y glissant une dose de réflexion et de bonnes vibes.
Donald Winnicott et l'effet miroir : structurant mais pas déterminant
Dès nos premières interactions sociales, l'effet miroir joue un rôle structurant dans le développement de notre personnalité et de notre estime de soi. En observant les autres, nous apprenons à nous situer, à calibrer nos actions et à évaluer notre place dans un groupe. Donald Winnicott, dans ses travaux sur le développement de l'enfant, souligne l'importance de cet environnement "suffisamment bon", où le reflet que l'enfant reçoit de son entourage valide son existence et l'aide à structurer son identité.
Cependant, cet effet miroir n'est pas une fatalité. Une personne peut dépasser un cadre initial limitant et transformer ces expériences en un levier de résilience. Boris Cyrulnik, pionnier de la théorie de la résilience, montre que même des contextes défavorables peuvent devenir des opportunités de renforcement personnel, grâce à des figures d'attachement positives ou des expériences transformatrices. L'effet miroir, loin de nous emprisonner, peut ainsi devenir un moteur de dépassement.
Rosenberg et Freud : l'estime de soi, fil rouge de notre adaptation sociale
Définition professionnelle et théorique de l'estime de soi
L’estime de soi, concept central en psychologie, peut être définie comme la perception qu’une personne a de sa propre valeur. Selon Rosenberg (1965), elle repose sur deux dimensions : le sentiment de compétence (« suis-je capable ? ») et le sentiment de valeur personnelle (« suis-je digne d’être aimé et respecté ? »). L’estime de soi est dynamique : elle se construit, se fragilise ou se renforce en fonction des interactions sociales et des expériences de vie.
Contrairement à une interprétation courante, une estime de soi élevée n’implique pas de l’égocentrisme ou du narcissisme excessif. Le narcissisme, tel que défini par Sigmund Freud et approfondi par Heinz Kohut, est un phénomène plus complexe. Freud a introduit le concept de narcissisme primaire, une phase normale du développement où l’enfant est centré sur lui-même. En croisant cette approche avec la théorie de Jean Piaget sur le développement psycho-affectif, on comprend que cette phase est essentielle à l’émergence de la conscience de soi. Pour Piaget, l’enfant traverse des stades cognitifs où il développe progressivement la capacité de se détacher de son propre point de vue pour intégrer celui des autres.
Donald Winnicott, quant à lui, introduit le concept de "moi-pour-autrui" dans ses travaux sur l’attachement. Selon lui, la transition entre narcissisme primaire et relations intersubjectives dépend d’un environnement suffisamment "bon" (un cadre familial ou social rassurant). Une carence dans ce processus peut entraîner un narcissisme pathologique, souvent décrit par Heinz Kohut comme une tentative de compenser une estime de soi brisée.
Boris Cyrulnik enrichit cette réflexion en mettant en avant le rôle du mimétisme dans le développement de l’estime de soi chez l’enfant. Observant et imitant les figures parentales ou éducatives, l’enfant structure son rapport au monde. Ce mécanisme, fondamental pour apprendre, peut devenir problématique si les modèles eux-mêmes véhiculent des comportements dysfonctionnels.
Patrick Lencioni et la cohésion des équipes : bâtir des groupes solides
La cohésion d’un groupe ou d’une équipe est le fruit d’interactions complexes, où s’entrelacent les dimensions relationnelles, affectives et fonctionnelles. Dans le contexte du travail, cette cohésion repose sur plusieurs piliers fondamentaux :
1. La confiance comme fondation
La confiance est le ciment de toute équipe performante. Inspirée des travaux de Patrick Lencioni dans Les 5 dysfonctions d'une équipe, la confiance s’établit lorsqu’un climat de vulnérabilité est possible. Les membres peuvent admettre leurs erreurs, exprimer leurs doutes et partager leurs idées sans crainte de jugement. Cette transparence crée un socle émotionnel où chacun se sent valorisé.
2. Les objectifs communs : un cap clair
Une équipe cohésive sait pourquoi elle est ensemble. Edgar Schein, spécialiste de la culture organisationnelle, souligne que des objectifs communs explicités et partagés réduisent les conflits et renforcent la collaboration. Ces objectifs donnent un sens aux efforts individuels et collectifs, transformant un groupe en véritable équipe.
3. Marshall Rosenberg et la communication : le fluide vital
Une communication fluide et ouverte est essentielle pour prévenir les malentendus et résoudre les tensions. Marshall Rosenberg, avec sa théorie de la Communication Non Violente (CNV), propose des outils pour encourager une écoute active et des échanges respectueux. Dans une équipe, la qualité des interactions est aussi importante que la qualité du travail produit.
4. Thomas et Kilmann : faire du conflit une opportunité de croissance
Les conflits sont inévitables dans tout groupe. Mais lorsqu’ils sont gérés avec maturité, ils deviennent des opportunités de renforcer la cohésion. Thomas et Kilmann, avec leur modèle de gestion des conflits, décrivent différentes approches, de l’évitement à la collaboration. Une équipe cohésive sait transformer les divergences en sources d’innovation.
Amy Edmondson et le conflit : obstacle ou protection ?
Ah, le conflit ! On le redoute, on le fuit parfois, mais ne l’accusons pas trop vite de tous les maux. Ce cher conflit n’est pas toujours l’ogre qu’on imagine. Parfois, il ressemble davantage à un vieil oncle maladroit : un peu gênant à première vue, mais porteur de vérités et de remises en question salutaires.
Un garde-fou contre la sur-adaptation sociale
Dans un groupe, le conflit agit souvent comme un antidote à la sur-adaptation. Imaginez un collaborateur qui, par crainte de déranger, s’efforce de répondre aux attentes implicites de tous. Résultat ? Une perte progressive d’identité, un épuisement certain, et, à terme, un départ précipité ou un burn-out. Le conflit, lorsqu’il est exprimé, permet de poser des limites. C’est un peu comme dire : « Stop, je suis là, et voici ce qui ne fonctionne pas pour moi. »
Les enjeux individuels et collectifs
Un groupe sans conflit, c’est un peu comme une soupe sans sel : fade et inefficace. Le conflit, en remettant en cause les idées reçues, stimule l’innovation. Pixar, par exemple, a fait du désaccord constructif une véritable institution avec ses célèbres "Braintrust meetings". Là-bas, tout le monde critique tout, mais toujours dans un esprit de bienveillance. Et le résultat ? Des films qui cartonnent.
Cependant, gare à l’abus. Trop de conflits non résolus, et c’est la cacophonie. Ici, la sécurité psychologique, un concept cher à Amy Edmondson, joue un rôle clé : chacun doit se sentir libre d’exprimer ses désaccords sans crainte de représailles.
Conclusion : entre Winnicott, Edmondson et Lencioni, l’art de bâtir des équipes résilientes
La cohésion dans un groupe ou une équipe ne se décrète pas, elle se construit. Elle repose sur des bases solides comme la confiance, des objectifs partagés, une communication de qualité, et une gestion mature des conflits. En cultivant ces dynamiques, une équipe devient plus qu’un simple rassemblement d’individus : elle se transforme en une unité performante et résiliente, capable de surmonter les défis ensemble.
Chères RH et coachs, soyez les architectes de cette cohésion. Favorisez un environnement où les individus peuvent s’épanouir tout en contribuant à un objectif commun. Parce qu’une équipe unie ne se contente pas de travailler : elle prospère. Let’s build greatness, together.



