ZFE : Quand les riches roulent en Jaguar et que les travailleurs marchent à pied

Les ZFE interdisent les vieilles voitures des travailleurs, mais laissent circuler les véhicules de collection. Une mesure écologique... ou élitiste ? Découvrez ce paradoxe qui empêche les serveurs, aides à domicile et employés de venir travailler pendant que les classiques roulent en toute liberté

VEILLE SOCIALE

LYDIE GOYENETCHE

3/3/20252 min lire

marketing responsable
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ZFE : Quand une voiture de collection roule, mais pas votre vieille Clio

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) ont une noble intention : réduire la pollution dans les grandes agglomérations en restreignant la circulation des véhicules les plus polluants. Une initiative vertueuse sur le papier, mais qui, dans les faits, produit un paradoxe saisissant : votre vieille Clio diesel de 2005, celle qui vous emmène péniblement à votre travail de serveuse ou d’aide à domicile, est persona non grata. En revanche, une pimpante Jaguar de collection des années 80 peut circuler librement, avec son propriétaire profitant d’un week-end en bord de mer.

Un paradoxe aux effluves d’élitisme: la ZFE du green VIP

Le principe des ZFE repose sur le classement Crit’Air, qui interdit progressivement les véhicules les plus anciens. Une Renault Mégane de 2010 ? Bannie. Une Peugeot 306 de 1998 ? Hérésie environnementale. Une Porsche 911 de 1975 avec une carte grise "collection" ? Véhicule d’exception, bienvenue en centre-ville.

L’argument avancé est simple : ces voitures anciennes roulent peu et sont entretenues avec soin. Certes. Mais une serveuse, un commis de cuisine ou une aide à domicile ne fait pas non plus 300 km par jour pour le plaisir. Leur vieille voiture, souvent achetée d’occasion faute de moyens, leur permet simplement d’aller travailler.

Le message est donc clair : si vous êtes un passionné d’automobiles anciennes, vous avez droit à une dérogation. Si vous êtes une femme de ménage se levant à 5h du matin pour rejoindre un hôtel de luxe, trouvez un bus (s'il existe), pédalez, ou changez de métier.

L’élite roule, les autres marchent

Le problème n’est pas tant de protéger la planète (ce qui est indispensable), mais bien de savoir qui doit en payer le prix. En interdisant les véhicules anciens, on impacte directement ceux qui n’ont pas les moyens d’en changer. Pourtant, ces mêmes travailleurs sont indispensables au bon fonctionnement de la société. Qui servira votre café en terrasse si le serveur n’a plus les moyens de venir ? Qui s’occupera de votre grand-mère si l’aide-soignante reste coincée à l’entrée de la ville faute de vignette Crit’Air autorisée ?

Les ZFE sont une belle démonstration du "faites ce que je dis, pas ce que je fais". Elles interdisent aux classes populaires d’utiliser des véhicules fonctionnels, tout en permettant aux véhicules de luxe des décennies passées de rouler. Si l’objectif est vraiment écologique, alors pourquoi ne pas s’attaquer aussi aux yachts stationnés sur la côte, aux jets privés reliant Biarritz à Paris pour un week-end prolongé ?

Réconcilier écologie et justice sociale

Il ne s’agit pas de remettre en cause la nécessité de lutter contre la pollution, mais de poser la question de l’équité sociale dans les mesures mises en place. Pourquoi ne pas accompagner ceux qui sont contraints d’utiliser un véhicule ancien au quotidien avec des aides réellement adaptées ? Pourquoi ne pas repenser les transports en commun pour qu’ils soient accessibles et efficaces au lieu d’imposer une transition brutale ?

L’écologie ne doit pas être un prétexte pour exclure les classes populaires des centres-villes au profit de ceux qui ont les moyens de s’offrir une voiture électrique ou un véhicule de collection. Car si demain, seuls les riches peuvent venir consommer sur la Côte Basque, encore faudra-t-il que quelqu’un soit là pour les servir. À pied, à vélo… ou en voiture d’époque.