Le TDA entre richesse et défi cognitif: pensée convergente et pensée divergente

Découvre dans cet article le handicap autrement! Le trouble de l'attention fait couler bien des encres mais peu de plumes s'aventurent à expliquer le fonctionnement de la pensée...Voici une brève explication entre pensée convergente et divergente.

VEILLE SOCIALERSE

LYDIE GOYENETCHE

12/12/20245 min lire

pensée divergente
pensée divergente

Pensée convergente, pensée divergente : ce que les contes de Disney nous enseignent sur la résilience, la différence et la transmission

Quand penser devient un conte initiatique

Là où le monde scolaire valorise l'ordre, la rigueur, la répétition, certains enfants rêvent autrement. Ils rêvent en images, en échos, en chemins de traverse. Ils ne suivent pas la ligne, ils la redessinent. Leur esprit ne va pas de A à B mais de A à mille possibles, puis revient, s'égare, et réinvente. Cette manière d'être au monde, souvent associée au trouble déficitaire de l'attention (TDA), n'est pas un défaut. C'est une autre manière de capter le réel, une autre manière d'en faire l'expérience. Pour le comprendre, il suffit d'ouvrir un livre de contes, ou de se laisser porter par un film Disney. Car là, dans ces récits pour enfants, se cache une sagesse profonde sur les modes de pensée et les chemins d'apprentissage.

Cendrillon ou la pensée linéaire : le modèle piagétien de l'ordre et de la maturation

Cendrillon, c'est l'histoire de la pensée convergente. Un monde réglé, un rêve à atteindre, un parcours à suivre. Chaque étape est connue : le bal, la robe, la pantoufle. Tout est attendu, tout est cadré. Et pourtant, ce rêve, elle le porte en elle avec une foi douce. C'est une forme de résilience aussi : tenir dans la souffrance, attendre le bon moment, croire en un dénouement heureux. Le chemin de Cendrillon est celui de l'obéissance à une narration externe. Elle ne dévie pas, elle endure. Elle s'inscrit dans l'ordre symbolique du conte moral.

Alice au pays des merveilles : l'exubérance de la pensée divergente

Alice, elle, pense autrement. Elle ne suit aucune logique, elle se laisse aspirer par une fente de réalité, tombe, chute, explore. Tout l'univers du Pays des Merveilles est pensé comme une allégorie de la pensée divergente. Les règles y sont absurdes, les significations glissent, le langage se dédouble. Alice ne répond à aucune attente extérieure.

Elle suit ce qui l'étonne, ce qui la trouble, ce qui l'appelle. Ce n'est pas de la désorganisation, c'est une forme d'intelligence poétique. C'est ce que vivent tant d'enfants TDA : une pensée qui jaillit de partout, qui invente, qui déroute, qui n'entre pas dans les cases. Une pensée qui parfois s'épuise aussi, car l'école ne la reconnaît pas, ne la contient pas, ne l'accueille pas.

Transmettre autrement : l'éducation sensorielle selon Maria Montessori

La transmission de la connaissance dans l'école républicaine repose souvent sur une pensée unique, linéaire, réductrice. On enseigne ce qu'il faut penser, pas comment penser. On valorise la réponse correcte, pas le cheminement. Or, les enfants à pensée divergente ne peuvent pas s’engager dans l’apprentissage s’ils ne sentent pas d’abord l’appel du sens. Leurs réseaux neuronaux ne s’activent pas au signal d’une consigne, mais à la rencontre d’une émotion, d’une intuition, d’un imaginaire.

Comme Elsa dans La Reine des Neiges, ils répriment parfois leur différence pour être acceptés. Ils deviennent figés, anxieux, perfectionnistes. Mais vient un jour où ils n’en peuvent plus de contenir leur puissance intérieure. Alors ils chantent, ils créent, ils fuient, ils explosent. Et s'ils trouvent un espace sûr, un mentor ou un parent qui les regarde avec amour, ils peuvent transformer leur "handicap" en don.

Le chemin du retour : identité, mémoire et réconciliation avec soi

Simba aussi a refoulé son histoire, et il lui faudra traverser la forêt, l'oubli, la peur et l'auto-dévalorisation avant de revenir vers son véritable nom. Ce n'est pas un chemin de performance. C'est un chemin d'identité. Il y a là une métaphore puissante pour tous ces enfants qui grandissent avec le sentiment d'être en trop, ou à côté. Leur force, pourtant, est immense. Elle a juste besoin d'un cadre qui la reconnaisse. À ce titre, les figures de Rafiki ou de Grand-Mère Feuillage incarnent cette posture de transmission bienveillante, symbolique, inclusive. Une posture qui accompagne sans diriger, qui nomme sans enfermer.

La pensée mystique : tisser des liens invisibles

Dans la pensée divergente, la transmission ne passe pas par le syllogisme, mais par la métaphore. Elle s'incarne dans des images, des résonances, des intuitions partagées. Elle est mystique autant que cognitive. Elle rejoint l'écoute du sens, du souffle, du rythme profond de la vie. Les enfants qui pensent en arborescence perçoivent les liens invisibles entre les choses. Ce ne sont pas des erreurs de parcours, ce sont des passeurs. Ils sentent le monde avant de le conceptualiser. Ils tissent. Et parfois, dans le cadre rigide d'une salle de classe, ils s'éteignent.

Et si on les écoutait ? Chronique d'une école future

Mais si on les écoute. Si on les croit. Si on ose leur dire qu'on ne comprend pas tout mais qu'on est là. Si on les autorise à apprendre autrement, à créer, à reformuler, alors il se passe quelque chose de miraculeux. Alors, comme Remy dans Ratatouille, ils mélangent les saveurs que personne n'avait osé combiner, et créent des choses nouvelles. Alors, comme Vaiana, ils franchissent la barrière des règles imposées pour retrouver le coeur battant du monde. Alors, comme Wall-E, ils recueillent des fragments d'humanité dans un monde désaffecté, et les font refleurir.

Conclusion : transmettre sans enfermer, accompagner sans diriger

Chaque enfant TDA est porteur d'une intuition du réel qui dépasse le cadre de la norme. Il perçoit autrement, il ressent autrement, il aime autrement. Il pense en cercle, en spirale, en réseau. Et dans une société qui valorise la ligne droite, ce type de pensée fait peur. Mais si l'on veut bâtir un monde résilient, créatif, capable d'inventer d'autres récits, alors il est urgent de reconnaître la valeur de ces penseurs de l'ombre.

Ce n'est pas en forçant Alice à devenir Cendrillon qu'on la rendra heureuse. C'est en l'accompagnant, lanterne à la main, dans son propre labyrinthe, et en l'écoutant nommer le monde selon ses mots.

L'école de demain ne sera pas seulement inclusive si elle adapte les horaires ou les supports. Elle le sera si elle reconnaît la richesse symbolique, existentielle et mystique de la pensée divergente. Si elle accepte que transmettre, ce n'est pas imposer un sens, mais aider à le faire émerger. Comme dans les contes, il s'agit moins de suivre une morale que de traverser une métamorphose. Et c'est précisément dans ces métamorphoses que les enfants TDA peuvent devenir les plus lumineux des guides.