Taylorisme et rentabilité : Quand le contrôle minutieux détruit vos neurones et votre boussole interne

Le Taylorisme : une méthode rentable mais déshumanisante. Découvrez ses impacts sur le contrôle et la psychomotricité, et explorez des alternatives pour un travail plus humain.

DYNAMIQUE DE GROUPEMANAGEMENT

Lydie GOYENETCHE

9/13/20242 min lire

organisation du travail
organisation du travail

Introduction : Le Taylorisme, cette bonne vieille recette de la productivité industrielle, n’a pas dit son dernier mot. Aujourd’hui, on le retrouve jusque dans des secteurs où l’humain devrait être au cœur de tout : le service à la personne. Imaginez une journée régie à la seconde, des tâches répétitives supervisées par une hiérarchie omniprésente et, cerise sur le gâteau, l’impossibilité d’avoir accès à vos outils sans passer par votre manager. Bienvenue dans l’univers des Auxiliaires de Vie Sociale (AVS), dans certaines résidences seniors et consorts.

1. Taylorisme 2.0 : des usines aux résidences seniors

Vous pensiez que l’organisation taylorienne appartenait à l’ère industrielle ? Détrompez-vous ! Dès que vous franchissez la porte d’une résidence seniors, vous plongez dans un monde où chaque geste est minuté et chaque action planifiée par une coordinatrice armée d’un planning militaire. Nettoyer une salle de bain ? Huit minutes. Aider à l’habillage ? Dix. Pause-café ? Non prévue. Et si vous avez besoin de changer un produit ménager, bonne chance : la clé est sous bonne garde, comme dans une réserve de diamants.

Cette logique vise à optimiser le temps, économiser sur la formation et rendre chaque employé interchangeable. Mais elle oublie un petit détail : les humains ne sont pas des machines.

2. Les conséquences psychocognitives d’un cadre déshumanisant

La théorie du Taylorisme repose sur une séparation stricte entre ceux qui conçoivent le travail et ceux qui l’exécutent. Résultat : l’employé est privé de toute réflexion sur son activité. Pour un professionnel vivant avec un TDA (trouble du déficit de l’attention), cette contrainte rigide peut se transformer en cauchemar.

La psychomotricité nous apprend que notre capacité à nous adapter à l’environnement repose sur la compréhension et la planification. Quand les décisions sont délocalisées (merci à la coordinatrice du planning !), notre cerveau peine à se représenter l’espace et le temps. Ce dysfonctionnement est connu sous le nom de déperdition visuo-spatiale, un effet collatéral d’un travail ultra-contrôlé.

3. Pourquoi ce modèle est-il encore là ?

Des entreprises comme Amazon ont réussi à ériger le Taylorisme en stratégie de conquête mondiale. Elles vantent leur efficacité, leur capacité à livrer un colis en un temps record. Mais à quel prix ? Dans ces entreprises comme dans certaines résidences seniors, ce modèle repose sur l’épuisement des individus, leur déshumanisation et, paradoxalement, leur inadaptabilité face au changement.

4. Repenser l’organisation : des pistes inspirantes

Pour contrer ces dérives, il existe des approches plus humaines et plus efficaces :

  • L’intelligence collective : Comme le souligne Henri Mintzberg, l’implication des collaborateurs dans les décisions stratégiques favorise l’engagement et l’innovation.

  • La psychomotricité dans l’organisation du travail : Créer des espaces de réflexion et d’autonomie aide à développer des compétences adaptatives.

  • Un modèle plus horizontal : Des entreprises comme Gore-Tex ou Buurtzorg (dans le secteur des soins) prouvent qu’une organisation moins hiérarchique est synonyme de succès.

Conclusion : Vers une révolution à contre-courant Le Taylorisme, bien que rentable à court terme, détruit plus qu’il ne construit. Ses conséquences sur la santé mentale, les compétences cognitives et la motivation des employés sont des coûts cachés que les entreprises ne peuvent plus ignorer. Réinventer le travail, c’est aussi réparer le lien social et redonner du sens à ce que nous faisons chaque jour. Parce qu’après tout, les collaborateurs ne sont pas des robots…