Les enjeux du secteur CHR: Inflation et défis DE LA RESTAURATION
Face à l’inflation, les établissements CHR en zone touristique peuvent lisser les hausses de prix en proposant un menu à tarif fixe traduit, avec réservation et paiement en ligne. Une stratégie durable qui valorise le service et fidélise les clientèles étrangères
VEILLE ECONOMIQUE
LYDIE GOYENETCHE
7/11/202411 min lire


Restaurateurs, agroalimentaire et spiritueux : un trio économique mis sous pression
Cet article fait partie du dossier "stratégie d'inbound marketing pour l'agro-alimentaire et les spiritueux"
L’économie française traverse une période délicate, marquée par une inflation modulée selon les secteurs. En avril 2025, l’inflation annuelle du secteur hôtels‑restaurants a ralenti à 1,9 %, contre 2,9 % le mois précédent et 3,3 % un an plus tôt Malgré cette baisse, la restauration reste exposée à une hausse des coûts, pesant sur les prix pratiqués et la qualité du service rendu.
Dans ce secteur, la flambée des prix de l’énergie, des matières premières alimentaires et de la main-d’œuvre impacte directement les restaurants, cafés et hôtels. L’indice américain montre par exemple que les repas servis sur place ont vu leurs prix augmenter de 8,8 % sur 12 mois . En France, les consommateurs ajustent leur budget, réduisent les sorties, ou optent pour des établissements à prix modérés, fragilisant encore davantage le secteur.
Côté agroalimentaire, l’inflation alimentaire frôle les 11,9 % pour certains produits, tandis que les spiritueux voient leur hausse des prix limitée à seulement +4 % en grande distribution — une modération volontaire des producteurs 1. Malgré cela, les volumes vendus chutent : en 2023, la consommation de spiritueux recule de 4,9 % en volume par rapport à 2022 barmag.fr, et la baisse se poursuit au début 2024. L’export baisse aussi : –13 % en volume et –12 % en valeur en 2023.
Ce secteur, crucial pour l’économie — 151 500 emplois, 17 milliards € de PIB générés — pâtit d’une fiscalité très lourde et d’un affaiblissement des marges : 63 % des acteurs signalent une baisse de trésorerie, 44 % une chute du chiffre d’affaires.
Ces chiffres montrent l’enjeu : malgré une inflation moins aiguë dans le CHR, le secteur de la restauration, de l’agroalimentaire et des spiritueux subit une double pression — sur les prix et sur le pouvoir d’achat des consommateurs — qui menace la pérennité des services et des produits offerts. Face à cette hausse des coûts, la question devient : comment adapter la stratégie, maintenir la qualité du service, et préserver la satisfaction du client ?
Tourisme, inflation et tension sur les marges : un équilibre précaire pour la restauration et les spiritueux
Le secteur de la restauration française évolue dans un environnement économique contrasté. D’un côté, la hausse des prix alimentaires, combinée à l’inflation énergétique et salariale, pèse fortement sur la rentabilité des services. De l’autre, la dynamique touristique est redevenue un levier puissant de fréquentation. En 2024, la France a accueilli environ 100 millions de touristes internationaux, un record historique selon Atout France, pour un total de 71 milliards d’euros de recettes touristiques, soit une croissance de +12 % par rapport à 2023.
Parmi ces visiteurs, les clientèles anglophones (notamment américaines) ont représenté une part significative, avec une progression de +5 %, tandis que les visiteurs hispanophones (Mexique, Espagne, Amérique du Sud) se sont également montrés plus nombreux, contribuant à l’essor des séjours culturels, gastronomiques et œnologiques.
Cependant, cette reprise ne profite pas également à tous les établissements. Le secteur des spiritueux affiche des tensions spécifiques : bien que les exportations françaises de cognac, de rhum ou de whisky aient conservé une image haut de gamme, les volumes vendus en grande distribution ont chuté de -4,9 % en 2023, tandis que les prix augmentaient de +4 % en moyenne. Ce décalage illustre une forte sensibilité du consommateur à la valeur perçue dans un contexte d’arbitrage budgétaire.
Les professionnels de la restauration, quant à eux, subissent un double effet ciseau : l’inflation sur les matières premières (viande, poisson, boissons) dépasse +11,9 %, selon l’INSEE, alors que les prix des menus ne peuvent pas suivre la même courbe, au risque de faire fuir le client local.
Le secteur du service est donc contraint d’innover : proposer une expérience différenciante, renforcer la lisibilité des valeurs de l’entreprise, attirer les clientèles touristiques en quête d’authenticité… mais aussi fidéliser une clientèle locale fragilisée. C’est dans ce cadre que se pose la question du positionnement, du marketing territorial, et du bon dosage entre attractivité touristique et ancrage économique durable.
Miser sur un site traduit pour capter les touristes : une stratégie digitale sous-exploitée
Dans le secteur de la restauration et des spiritueux, les données parlent d’elles-mêmes. En 2023, 61 % des touristes internationaux déclaraient utiliser Internet comme première source d’information avant de choisir un restaurant ou une activité locale, selon Google Travel Insights. Pourtant, moins de 25 % des restaurants en zone touristique disposent d’un site web traduit dans une autre langue que le français. Cette absence de version anglaise ou espagnole constitue un frein majeur pour les visiteurs étrangers en quête d’authenticité, notamment sur la Côte basque, où l’offre gastronomique est l’un des premiers facteurs d’attractivité.
Un site web multilingue, avec une traduction professionnelle (et non automatique), permet non seulement de renforcer la visibilité SEO à l’international, mais aussi d’inspirer confiance aux utilisateurs dès les premières secondes. C’est également un outil de différenciation pour capter les requêtes des internautes hispanophones recherchant “restaurante con menú local” ou des anglophones à la recherche d’un “local food and wine experience in Basque Country”.
Les recherches locales sur mobile ont explosé : +67 % en trois ans pour les expressions incluant "near me" selon Think with Google, et les restaurants qui publient régulièrement du contenu localisé (articles de blog, actualités, événements) voient en moyenne leur trafic naturel augmenter de 34 % par an. C’est une opportunité majeure pour les restaurateurs, caves ou producteurs de spiritueux qui souhaitent bâtir un marketing durable sans dépendre uniquement des plateformes type TripAdvisor ou The Fork.
Créer un blog ancré dans la culture gastronomique locale : entre valeur, visibilité et fidélisation
Un blog bien structuré, rattaché à un site traduit, devient un véritable levier de notoriété, notamment lorsqu’il valorise les spécificités culturelles et les produits du terroir. Sur la Côte basque, les sujets liés à la gastronomie — comme le piment d’Espelette, les vins d’Irouléguy, ou les recettes traditionnelles revisitées — peuvent attirer un lectorat très large, en particulier en saison estivale.
Par exemple, un article mensuel en espagnol sur l’origine du Jambon de Bayonne ou un billet en anglais sur l’accord mets et vins autour du merlu de Saint-Jean-de-Luz et des vins blancs locaux peut générer des requêtes très qualifiées. Cela permet aussi de remonter dans les résultats de recherche Google dans plusieurs langues (grâce au balisage hreflang), tout en valorisant la dimension culturelle de l’offre.
Selon HubSpot, les entreprises qui publient 11 articles de blog ou plus par mois génèrent 3 fois plus de trafic que celles qui n’en publient aucun. Même à une échelle plus modeste (1 à 2 articles par mois), les retombées en termes de référencement local sont mesurables dès le 3e mois.
La présence d’un blog multilingue joue également un rôle dans la construction d’une image de marque durable. Elle montre que l’entreprise s’inscrit dans un territoire, qu’elle valorise des savoir-faire, et qu’elle crée du lien avec son audience au-delà de la simple transaction. C’est un facteur de fidélisation pour les visiteurs récurrents, qui se souviendront non seulement du plat ou du verre dégusté, mais aussi de l’histoire racontée autour de ces produits.
Structurer une stratégie digitale complète : le SEO local comme point d’ancrage
Pour une entreprise locale du secteur CHR (cafés, hôtels, restaurants) ou de l’agroalimentaire, la première brique digitale n’est pas la publicité, mais la présence organique, notamment à travers le SEO local. Une fiche Google Business Profile bien optimisée permet d’apparaître dans les résultats de recherche lorsque des touristes ou habitants tapent : restaurant typique Saint-Jean-de-Luz, meilleur gin basque à Biarritz, ou visite cave Bayonne. C’est un levier gratuit mais sous-exploité, qui conditionne pourtant près de 60 % des clics locaux, selon une étude de BrightLocal.
Le SEO local ne se limite pas à remplir des champs : il repose sur trois piliers :
La cohérence des informations (NAP) : nom, adresse, téléphone et horaires à jour sur tous les supports.
La qualité des avis et réponses : un restaurant qui répond aux avis en plusieurs langues augmente son taux de conversion de 45 %.
La stratégie de contenus localisés : publier des articles de blog ou des actualités autour d’événements gastronomiques (foires, marchés, fêtes locales) crée un lien direct avec les requêtes saisonnières des visiteurs.
Backlinks locaux et référencement croisé : attirer via des liens stratégiques
Un blog professionnel traduit en plusieurs langues peut devenir un centre de gravité SEO, à condition d’être intégré dans un réseau de liens locaux. Obtenir un backlink depuis un office de tourisme, un site de chambre d’hôtes, ou une coopérative agricole renforce l’autorité du site dans l’univers du terroir et du tourisme. Cela permet de remonter dans les résultats Google, surtout quand ces liens sont en espagnol ou anglais pour toucher une clientèle étrangère.
Sur la Côte basque, où cohabitent producteurs, artisans, restaurateurs et hébergeurs, la logique de coopétition est gagnante: en s’échangeant des liens utiles (pages partenaires, articles croisés, recommandations), chaque acteur renforce sa visibilité commune sans dépenser en publicité.
Réseaux sociaux bilingues : prolonger la narration locale
Une présence digitale cohérente passe aussi par des réseaux sociaux bien tenus, en particulier Instagram, Facebook et TripAdvisor, souvent consultés par les voyageurs. Mais publier uniquement en français limite fortement la portée. Traduire ses publications, ou au minimum les hashtags et les stories, permet d’être repéré par des utilisateurs qui ne taperaient jamais leur recherche en français.
Exemple : un post Instagram tagué #localfoodbasquecountry ou #gastronomiaPaísVasco augmente les chances de toucher un public hispanophone ou anglophone friand d’expériences locales. De plus, intégrer des contenus authentiques (coulisses de fabrication, portraits d’artisans, photos non retouchées) permet de gagner la confiance du client étranger, en quête d’une expérience vraie et différenciante.
Réserver une table, consulter un menu traduit et payer en ligne : un confort décisif pour les touristes
À l’heure du numérique, l’expérience client dans un restaurant commence bien avant le moment où l’on pousse la porte de l’établissement. Pour un visiteur étranger, notamment anglophone ou hispanophone, pouvoir réserver une table à l’avance, lire le menu dans sa propre langue, et payer en ligne de manière sécurisée représente un gain de confort important. Ce sont ces éléments qui, bien souvent, déclenchent la décision de venir dans un restaurant plutôt qu’un autre.
Pour répondre à cette attente, de nombreux établissements choisissent d’intégrer à leur site internet des outils de réservation, aussi appelés « plugins » (petits modules logiciels à ajouter sur un site). Ces modules permettent, par exemple, de :
gérer les disponibilités en temps réel ;
proposer des menus traduits dans plusieurs langues, sans ambiguïté ;
et encaisser un acompte ou un menu à l’avance, via une interface de paiement en ligne.
C’est ce que proposent des solutions bien connues comme ResDiary, TheFork Manager, Tock ou GloriaFood. Ces services, bien que souvent nommés en anglais, sont conçus pour des usages multilingues, notamment dans les zones touristiques. « TheFork Manager » (anciennement La Fourchette) permet, par exemple, d’ajouter une interface de réservation simple à un site web et de connecter cette interface à une page Google ou Facebook. Tock, quant à lui, propose une option de prépaiement du repas, très utilisée dans les restaurants gastronomiques ou lors d’événements spéciaux.
Les chiffres sont éloquents. Une étude menée par la plateforme Tock en 2023 a révélé que les restaurants utilisant des options de réservation et de paiement anticipé enregistraient :
une baisse de 30 à 40 % des « no-shows », c’est-à-dire des clients qui ne se présentent pas ;
une hausse du taux de réservation de 60 % auprès d’une clientèle touristique, notamment étrangère ;
et un panier moyen (c’est-à-dire la dépense par client) supérieur de 12 %, car les clients anticipent leurs choix de vins, desserts ou menus spéciaux.
Par ailleurs, selon une enquête menée par TripAdvisor, 70 % des voyageurs internationaux déclarent qu’ils sont plus enclins à choisir un restaurant qui leur permet de réserver facilement, surtout dans les zones très fréquentées comme la Côte basque en haute saison.
Une organisation gagnante pour le restaurateur et pour le client
L’intégration de ces solutions numériques ne se fait pas seulement au bénéfice du touriste. Du point de vue du restaurateur, elles permettent de :
mieux organiser le service en répartissant les arrivées et en anticipant les pics d’affluence ;
personnaliser l’accueil, en tenant compte d’éventuelles allergies ou préférences alimentaires renseignées lors de la réservation ;
et sécuriser le chiffre d’affaires, grâce aux acomptes ou paiements anticipés.
Pour le touriste, ces outils numériques offrent une expérience simplifiée, fluide et rassurante. Il peut :
éviter le stress de ne pas trouver de table une fois sur place ;
lire un menu clairement traduit, parfois avec photos ;
adapter ses choix alimentaires en toute sérénité, sans barrière linguistique ;
et vivre une expérience plus chaleureuse, parce que le personnel connaît déjà certaines attentes du client.
Dans les régions à forte fréquentation saisonnière comme la Côte basque, ces outils permettent de mieux gérer l’afflux de touristes et de fidéliser une clientèle qui reviendra peut-être d’une année sur l’autre, ou qui recommandera l’établissement sur les plateformes d’avis.
Conclusion : rentabiliser, alléger le service, fidéliser la clientèle étrangère
En période estivale, les établissements de restauration situés en zone touristique comme la Côte basque sont confrontés à des hausses de prix spectaculaires sur certains produits, notamment les poissons, les viandes, ou encore les fruits de saison. Ces fluctuations rendent la gestion des marges plus complexe, tout en accroissant la pression sur les équipes en salle, souvent réduites ou en surchauffe durant les pics de fréquentation.
Proposer des menus en ligne à prix fixe, clairement traduit dans les langues principales des visiteurs (anglais, espagnol, allemand), représente une solution stratégique et opérationnelle pour faire face à ces défis. En amont, cela permet de sélectionner des denrées alimentaires dont le cours reste relativement stable ou plus lisse dans le temps : produits de la ferme locale, légumes de saison à circuit court, céréales, œufs, desserts maison. En intégrant ces éléments dans un menu prévisible, le restaurateur évite les mauvaises surprises sur la rentabilité tout en maintenant un bon niveau de qualité.
Du côté du client, ce type de menu fixe apporte confort, simplicité et lisibilité. Il permet aux touristes de faire leur choix sereinement, parfois avant même leur arrivée sur le lieu de vacances, ce qui améliore leur expérience globale. Les personnes qui ne parlent pas le français se sentent mieux accueillies, et les équipes de salle gagnent un temps précieux au moment de la commande. L’ensemble du service devient plus fluide, plus humain, avec moins de stress et plus de cohérence.
Cette organisation favorise aussi la fidélisation. Un client étranger qui a pu réserver facilement, comprendre ce qu’il mange, et vivre une expérience culinaire authentique et bien pensée est un client qui recommande, qui revient, et qui valorise votre établissement sur les plateformes touristiques. Le menu fixe devient ainsi bien plus qu’une simple formule : il s’inscrit dans une stratégie durable, pensée pour conjuguer qualité, maîtrise des coûts et satisfaction client.
À l’heure où le secteur de la restauration fait face à des tensions multiples – inflation, manque de personnel, exigences accrues des consommateurs – cette approche offre un levier concret, ancré dans la réalité économique comme dans l’art de recevoir.




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